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Le chemin qui mène au soleil (avant-propos d’un recueil jamais paru, « Aux veilleurs de l’aube », finalisé en 2008 à l’occasion du 60ème anniversaire de la Nakba)


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Je ne sais vraiment par où commencer. Tout se mélange: les souvenirs et les desseins, le poème et la prose, le réel et l’imaginaire. Quel vertige! Et ce flot incessant ne nourrit pas ma plume, il la paralyse…si ce n’est ces tremblements, ces hésitations du cœur, murmure insaisissable que je m’applique à déchiffrer. Dans cette agitation intérieure, un chiffre ne cesse de revenir, pour mieux construire ce recueil et pour mieux m’ébranler. 60 fois déjà j’ai tenté d’avancer dans ce projet, 60 fois j’ai reculé. La souffrance est trop grande. Les mots, insignifiants. Le passé trop lourd pour oser le porter jusqu’à vous. Mais il me faut le faire. Non seulement car une partie de moi-même n’a jamais pu abandonner ces souvenirs que je n’ai jamais eus, non seulement car je suis moi-même l’enfant de cette histoire, mais aussi, et peut être surtout, car les exilés, vivants et morts, habitent en nous. Ils attendent et veillent et leurs regards scrutent le ciel à la recherche du premier rayon de soleil. Ils ne cessent d’entendre que l’aurore ne peut leur appartenir. Je partage avec eux ce désir d’aube et la peur de ne jamais connaître le lever du soleil.

Ce temporaire devenu permanent, je l’ai vécu; ces tentes en briques me sont familières. Ces nomades qui ne voyagent pas, chacun d’eux porte une part de moi-même, et je porte une part de chacun d’eux. Le temps ne veut rien dire, ici. Le présent est passage, le passé, un devoir, et l’avenir ne peut se dissocier de la mémoire. Ici, tout s’est arrêté. Les cicatrices ne parlent pas, elles ne pleurent pas, elles ne se referment pas. Elles attendent et demeurent fidèles à l’histoire qu’elles portent en elles. Ici les blessures se transmettent, en même temps que l’espoir, en héritage. Ici vit mon pays, chaque jour. Ici il meurt chaque jour. Ici il ressuscite. Ici il souffre, ici il pleure, ici il danse et chante, il regarde l’horizon, puis détourne les yeux, il se jette dans le puits de l’enfance, et ressort le cœur un peu plus sec. Ici, mille fois je l’ai enterré, et mille fois il m’a enterré, puis nous avons retrouvé le chemin de la vie ensemble.

Dans ces instants terribles que nous vivons, où les battements d’un même cœur luttent les uns contre les autres, et que nous, orphelins de la géographie, nous voila menacés de sortir de l’histoire, en ces temps où toutes nos certitudes s’écroulent, sans pour autant céder la place à de nouvelles vérités, il semble difficile d’espérer, dérisoire d’écrire, inutile de vivre. Et pourtant… ce pays que je ne trouve nulle part sur Terre, attend là dans le cœur de milliers d’hommes et de femmes, il brille encore dans le regard de nos enfants. C’est seulement là que mon exil peut cesser.

Nous devons tout reconstruire, de nouveau. Affronter les champs du silence. Nous définir sans avoir peur des vagues. Si notre patrie ne devait être qu’un radeau, autant faire naufrage! Il faut naviguer vers un nouvel horizon…que nous aurions non seulement espéré, mais construit. Et nous devons retrouver ce chemin qui mène au soleil.

Aux veilleurs de l’aube, je dédie ces poèmes, et au premier d’entre eux, à toi Arafat, dont le sourire est venu combler l’absence de la chaleur du soleil, je dédie les battements qui les ont inspirés.

Les auteurs du mouvement en panne d’inspiration!


Pendant très longtemps, mon pays fut considéré comme ce point de tension et d’agitation permanente alors que la région berçait dans une stabilité,à la limite de la paralysie. Et maintenant, alors que toute la région s’agite, quelqu’un semble avoir appuyé sur le bouton pause chez nous. Ni réconciliation, ni élection, ni négociation, ni révolution. Or notre avenir dépend de notre capacité à participer aux dynamiques régionales. Pour cela, un certain nombre de conditions: l’unité, la démocratie, la mobilisation pacifique. Nous étions l’avant garde de ce mouvement, et alors que la région s’est mise en marche, nous voilà à l’arrêt! Il est temps de défier cette stagnation.

« Un instant Monsieur »


Je ne comprends pas ceux qui parlent de plaisir du voyage. Comment se fait-il qu’ils ne ressentent pas l’angoisse, d’être interrogé, refoulé, arrêté. Depuis l’enfance, mon instinct m’indique que le plus naturel serait d’être interdit de passage. Et du coup, je n’ai jamais vraiment su me laisser apprivoiser par le plaisir du voyage.

Comment se fait-il que je me sente si coupable. Je balbutie aux questions les plus simples pour ne pas me trahir, alors que je n’ai rien à cacher! Faites que son regard ne croise pas le mien, afin qu’il ne devine pas le doute qui y a planté sa tente. Faites que mes mains ne tremblent pas. Faites que ma voix soit posée, s’emplissant d’une assurance dont je manque cruellement. Le naturel serait qu’il découvre la supercherie et qu’il m’arrête. Mais il n’y a point de supercherie! Il tourne et retourne le passeport jusqu’à ce que ce que l’aigle se plaigne d’étourdissement. Chaque feuillet est observé longuement, même les pages vides, et je suis effrayé de ce que peuvent révéler ces lignes invisibles. « Un instant Monsieur ». Je connais cette attente. La vraie supercherie, c’est cette expression. Cet « instant » qu’ils évoquent et qui ne cesse de durer.

Quelle fut ma fierté quand je reçu pour la première fois ce passeport, moi qui avait porté jusqu’à là le document de voyage pour les réfugiés palestiniens. Je n’avais pas exercé mon droit au retour mais je sentais qu’on venait de franchir un pas de plus vers l’indépendance. Peut être est-ce pour cela qu’ils nous font attendre. Pour nous rappeler que l’indépendance, en dépit du passeport, n’est pas pour tout de suite. Peut être qu’ils tournent et retournent l’aigle pour que nous ayons le temps de déchiffrer en dessous du mot PASSEPORT, écrit en majuscules et en grand, les mots document de voyage, qui, écrits plus petits, ont tout de même un droit de préséance. Tant de martyres, tant de sacrifices, pour avoir ce document, comme une pièce supplémentaire du puzzle de notre liberté, si difficile à assembler. La pièce n’a de sens que dans les retrouvailles avec ses semblables qui la complètent. A quand les retrouvailles?

Après l’attente solitaire dans une salle où ne vit que la caméra de surveillance au regard moqueur, et l’interrogatoire habituel, on me remet mon précieux document. « Vous pouvez y aller Monsieur ». Mais aller où? Ils venaient de me rappeler que je n’étais le bienvenu nul part, y compris sur ma propre terre. Je n’aime pas le voyage car il me rappelle que les victimes sont traitées en coupables, et les coupables en victimes. Je n’aime pas le voyage parce qu’il me rappelle que l’occupation se poursuit même en dehors de nos frontières. Je n’aime pas le voyage car il me rappelle que l’exil est pour l’heure ma véritable nationalité. Je contemple cette pièce de mon identité, et me réfugie quelques instants de plus dans ces quelques lettres qui me servent de géographie, PAL… Et la liberté, comme mes pensées, demeure suspendue.

La Palestine: temps de redistribuer les cartes!


L’hégémonie américaine, l’hyperpuissance, a marqué sa naissance de deux pierres, un acte de guerre et un acte de paix: la première guerre d’Irak et la Conférence internationale de Madrid pour la paix. Les palestiniens, ayant pris conscience des changements géostratégiques en cours, avaient entamé, des années auparavant, des contacts de plus en plus réguliers avec l’administration américaine. Après la chute du bloc soviétique, il ne leur restait qu’une option, intégrer la pax americana. Jusqu’au bout, Israël tentera de les en exclure, y compris en refusant la présence d’une délégation palestinienne à Madrid, ou de représentants de l’OLP. Des figures nationales de l’intérieur du territoire palestinien occupé intégreront la délégation jordanienne, ouvrant une brèche dans laquelle l’OLP va rapidement s’engouffrer. Les accords d’Oslo, signés à Washington, sous l’égide des Etats-Unis, marquent le succès des palestiniens à intégrer la pax americana, mais aussi leur sortie des cadres internationaux et multilatéraux, abandonnés au profit d’un cadre bilatéral sous parrainage américain.

A camp David, en 2000, on ne constate pas seulement l’échec des deux parties à parvenir à une solution négociée, mais aussi la partialité du parrain américain et son incapacité à faire sérieusement pression sur la partie israélienne. L’Etat palestinien aurait dû émerger en 1999, à la fin de la période intérimaire prévue par les accords de paix, et Arafat avait caressé l’idée de le déclarer et d’obtenir l’appui international à sa création. Les Palestiniens auraient du tirer les conséquences de l’échec du cadre bilatéral à ce moment là, un cadre où l’asymétrie des forces entre puissance occupante et peuple occupé marque de tout son poids la réalité sur le terrain, la réalité d’une occupation de plus en plus ancrée et d’une indépendance de plus en plus menacée. Mais poussés par lest Etats- Unis et l’Europe à une ultime négociation, puis rendus responsables par l’administration américaine de son échec, et confrontés à l’irruption d’une seconde Intifada et au piège de sa militarisation, les Palestiniens venaient de perdre toutes leurs marges de manoeuvre.

A son investiture, Mahmoud Abbas se donne pour mission de retirer tout prétexte à la partie israélienne pour l’obliger à négocier. Il compte bien plus sur l’intervention américaine que sur le bon vouloir israélien. Sa stratégie repose sur trois piliers: construction des institutions de l’Etat, fin de toute forme de résistance non pacifique, négociations. La Palestine ayant rempli l’ensemble de ses obligations, y compris dans le domaine ultrasensible de la sécurité, et en dépit de la poursuite des incursions et arrestations israéliennes, il se tourne vers le parrain américain et exige le gel de la colonisation, des paramètres clairs reconnus internationalement et un calendrier. Le parrain échouera à imposer les trois.

Abbas ne choisit pas la confrontation sur le terrain. Sa nature, sa psychologie, sa peur du dérapage l’en empêchent. Alors il choisit de prendre l’initiative sur le front diplomatique et politique. Il fait ce que les Palestiniens auraient du faire en 1999, il oeuvre pour la reconnaissance de l’Etat de Palestine sur les frontières de 1967, et demande l’adhésion de cet Etat à l’ONU. Ce faisant, et peut être sans en avoir pleinement conscience, il entame une démarche salutaire, il referme la parenthèse Oslo. Il renoue avec la dimension internationale de la lutte du peuple palestinien et ouvre la voie vers une réconciliation décisive avec sa dimension populaire, toutes deux si chères à Arafat. Quand une équation est insoluble, il faut en changer les termes. Les Palestiniens ont tout tenté au sein de l’équation actuelle, et ils sont toujours sortis perdants: résistance populaire, résistance militaire, confrontation, négociations, institutions, pressions. Israël a trop de cartes en main, alors il faut rebattre les cartes et les redistribuer, sortir du face à face suicidaire pour réintégrer les cadres internationaux. Et tenter par là même de se doter de nouveaux instruments politiques, diplomatiques et juridiques leur permettant de poursuivre et d’amplifier la lutte pacifique pour le respect de leurs droits. Les Palestiniens contribueront dès lors à la fin du monde ancien au profit d’un monde encore à définir.

Deux images symboliseront à jamais ces deux mondes en confrontation, l’ancien ayant atteint son paroxysme avec les applaudissements répétés du Congrès américain au discours colonial et provocateur de Netanyahu; le second transparaissant, telle une lueur, lors des applaudissements des représentants des nations du monde lors du discours de Mahmoud Abbas à l’Assemblée générale. En cela, la perspective d’un veto américain doit faire bien plus trembler l’hyperpuissance que les Palestiniens. Les Etats-Unis, incapables d’arrêter la colonisation pour relancer la paix, préfèrent bloquer la reconnaissance de l’Etat palestinien! Le veto placé en février 2011 pour protéger la colonisation israélienne avait déjà entamé cette séquence fatidique. Un second veto s’opposant à l’indépendance de la Palestine scellera non seulement la fin de la prédominance américaine dans le conflit, mais aussi dans l’ensemble de la région. N’est ce pas l’arme qui symbolise le mieux le monde ancien? N’est ce pas celle qui matérialise, plus que tout autre, la complicité américaine avec l’impunité israélienne? Les Etats-Unis dilapideront en un instant tout le capital accumulé par l’administration Obama. Ils sortiront du printemps arabe pour entrer dans l’hiver colonial israélien. Les deux étant incompatibles, ils doivent choisir. Et si leur choix, si prévisible, ne mettait pas seulement fin à leur statut de parrain du processus de paix, mais précipitait la fin de l’hégémonie américaine?

Nul acteur, prétendant à un rôle international ne peut le faire sans se positionner sur ce conflit, devenu le coeur des relations internationales. Les Palestiniens entendent désormais tirer profit à nouveau de cette réalité. Ils ont redécouvert le monde, les puissances renaissantes telles la Russie ou la Turquie; celles émergentes telles l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud ou le Brésil. Toutes savent l’importance de l’enjeu palestinien, tant pour leur prestige international qu’interne. L’UE devrait s’en souvenir, car embourbée dans ses hésitations, elle pourrait manquer son rendez vous avec l’histoire. Cette Europe, dont la politique étrangère est née avec la déclaration de Venise reconnaissant au peuple palestinien son droit à l’autodétermination, il y a trois décennies, fera-t-elle chanceler sa puissance politique émergente et son rôle dans la région? Les gouvernements européens s’opposeront-ils à leurs citoyens et leurs parlements pour défendre l’impunité israélienne? Rien ne sert de faire l’Union si c’est pour choisir, face à l’histoire, l’abstention! Dans cette quête mondiale de voix leur permettant d’accéder à l’indépendance juridique, les Palestiniens ont trouvé la voie la plus prometteuse vers une indépendance réelle. Là où Arafat avait cherché à réintroduire un rapport de force dans une équation perdante, ils doivent désormais changer tout simplement les règles du jeu.

Le printemps arabe, facteur imprévisible et imprévu, est une nouvelle donne fondamentale de ce monde nouveau, une donne dont beaucoup sous-estiment la portée internationale. Les Palestiniens doivent y entrer de tout leur poids. Figurant parmi les inspirateurs de ce printemps, les Palestiniens doivent aussi en être les héritiers. Leur lutte pour la liberté, la justice et la dignité, qui aurait pu être marginalisée par l’éclosion régionale, s’en est trouvée au contraire renforcée. Les nouveaux gouvernements, conscients que la Palestine demeure une priorité pour leur population, gardent cette question au sommet d’un agenda pourtant surchargé de défis historiques. L’Egypte ne vient-elle pas de favoriser la réconciliation palestinienne et l’échange de prisonniers en pleine transition démocratique? La Palestine, forte de ce contexte régional nouveau et d’un monde multipolaire en gestation, a rendez vous avec son destin. La Palestine ne doit plus se soumettre aux contraintes du monde passé. Elle doit prendre toute sa place dans la définition du monde nouveau, un monde qui devra désormais régler sa montre à l’heure palestinienne.

I am a Palestinian…with Nothing more to say


As many Palestinians around the globe, I have spent the last few weeks following the uprisings in the Arab world on TV, overwhelmed with hope, enthusiasm, belief…and frustration. I grew up with the deep belief that our struggle for freedom was not only about territory. We were fighting to ensure a number of fundamental human values will prevail. We were fighting for justice, genuine democracy, dignity. In our quest, we aimed at freeing Palestine from the occupation but also allow it to rebuild the ties with its essence: pluralism, humanity, tolerance. We were fighting against zionism as an ideology that leads to exclusiveness, and exclusion, that spreads negation and destruction, discriminations and apartheid. And we thought that by fighting for pluralism in Palestine, and by accepting pluralism within the national movement, we were spreading the seeds of democracy in all of our region. We were democrats without a State, and we had a message to deliver. But years going by, and our house, the PLO, being neglected and weakened by divisions and competition, our pluralism was no longer a strength, as we were unable to dialogue respectfully and to speak with one voice. We doubted each others’ intentions and agendas, we criticized each others’ martyrs, and heroes. We forgot our common flag and fought each for our own colour. And from democracy we went to internal division. After the Nakba and the Naksa and Palestinian resurrection. After years of struggle, after Jordan, Lebanon, and two Intifadas. After imposing the Palestinian cause around the globe. After having lost so many of our historical leaders and so many of our resistants. We betrayed ourselves. We stopped believing. We lost faith in our own capacity to create miracles.

As I am watching these revolutions so close to us, and yet so far from us, I can not but ask myself, how come we became bystanders of a history we were at the forefront of. The Palestinian people fought for so long and made such sacrifices that it is normal to have fatigue or despair. It happened in the past and we always overcame. We disappeared from geography and we were on the verge of being erased from history. And defying all odds, we built a national movement that has changed all the past equations. But this time is different. People still fight every day for their dignity, their hopes and dreams, they continue demonstrating against the wall; in Jerusalem their fight for their homes is a fight for the Palestinian presence, and Palestinians remain in Palestine despite the siege in Gaza, and settlement activity and settlers’ harassment in the West Bank. And Palestinians in Israel continue fighting discriminations. And refugees continue to nourish their Palestinian identity even when the political bodies seem to have forgotten them. But where is our collective hope?

« Are you Gazan or West Banker, Jerusalemite or Israeli Palestinian, are you a refugee or not, are you…? » I am a Palestinian from Jaffa, my parents were Palestinian refugees in Lebanon, a country they left following the Israeli invasion in 1982. After 1948, some of my family went to Gaza, others to West Bank, other in exile. I was born in exile and grew up in Ramallah and studied in Jerusalem. I have been living for the last years in Europe. This is a typical Palestinian story. It shows that our identity is linked to a cause not to geography.

I am a Palestinian. Simple words that need to be embodied. We still have it in us. The hope, the willingness to fight once again despite decades of sacrifices, the capacity to overcome our divisions and to reshape our unity. But for all of this to be possible, we need to do what others have done in Tunisia and Egypt and elsewhere around the globe. Confront our fears, choose our fights, and empower the people. We need to do it now, as the wheels of history are turning and instead of being on the vehicle, we are under it!

There are ideas, and experiences and examples all over the globe of Palestinian resistance. There is so much to learn from other peoples who have risen up to defend their rights. Political leaders should stop thinking that populations can not understand, or are by definition unreasonable. A population that is invested in decision-making understands compromises, and efficiency, and result-oriented approach. A population that is not invested in decision-making turns to ideologies, and simplifications. Look how reasonable where the revolutions in Tunisia and Egypt. Despite past and future difficulties, and uncertain transition periods, the peoples of these countries continue doing their utmost to preserve the fragile balance of a revolution that seeks hope and not chaos. And while making the impossible possible, they were ready to achieve compromises on the instruments, not on the goals.

The major question now is how to change the balance of power on the ground, how to better confront this occupation and the injustice imposed on us 6 decades ago? The first element of any equation is to restore our unity, not based on void speeches or slogans, but on a deep understanding of our common belonging, respect for Palestinian pluralism, upholding human rights, and working towards genuine democracy where power can not be seized or hijacked and all political bodies remain accountable to the people on a regular basis. Palestinians want to be fully involved in the decision-making process. As they offer huge sacrifices in their quest for freedom, they can not tolerate for this freedom to be diminished by people that are supposed to represent them and their struggle. Unity is too serious a matter to be left for political parties to discuss it behind closed doors, and with undeclared agendas, or focus on power sharing. Only peoples can be entrusted with unity and democracy, they should pursue and shield them, as they are essential conditions for the success of any struggle for justice, and any debate on these questions, and all decisions, should be made with the full involvement of the people.

In Palestine and abroad, it is time for the people to take action and nobody should stop it. A power that fears its own people does not deserve to last and this is something that all political entities and all states should understand. We are ready once again to rise against the Israeli occupation, under its different forms: siege, settlements, exile, checkpoints, house demolitions, discriminations. We are ready to fight once more to protect our cause, to be faithful to the past, and to pave the way for another future. We are ready…and we await a signal to go beyond a fragmented destiny, land and resistance, and to launch a common fight for freedom! But looking closer, I think I saw a signal.

I look at my TV and I see crowds of people in the streets chanting and demonstrating peacefully. They have little slogans, many jokes and an unbreakable will. They carry one flag and one cause despite their differences. They defied their fear and overcame their divisions to ensure freedom will prevail. In a few weeks they have done what nobody else was able to do in decades. They did not wait for reforms, or political parties, trade unions or NGOs to set their game straight. The people went to the streets and knew everybody would have to follow.

I have nothing more to say…and there is so much left for us to do!

Jaffa (petit texte écrit à l’occasion d’une visite il y a quelques années)


Jaffa n’est pas pour moi visite, elle est gouffre. Elle est existence interrompue. Et quelque soit le nombre de souvenirs que j’accumule, rien n’y fait. Elle me manque, mais les rencontres ne réconfortent pas. J’y ai une maison qui ignore mon nom. Et mon grand-père y cherche une sépulture. Il lui assène qu’il est resté fidèle à la première demeure comme on reste fidèle au premier baiser. Il lui rappelle qu’avant de partir, il a enterré quelques affaires et y a oublié son coeur. Alors je marche, mais je ne sais plus dialoguer avec la mer. Et l’horizon baisse son regard à ma vue. Et les sourires prennent congés. Et je ne sais prononcer ton nom, ma ville, plus d’une fois, de peur que la seconde ne soit fatale.

Much more than a seat


Palestinians have sailed the 7 seas, and yet never encountered the horizon. They’ve looked the burning sun into the eyes, while wondering how come they were seeing no light, and feeling no warmth. Their journey is about resurrection. Only peoples who have at one point in their history been embraced by the shadows of oblivion can understand how it feels to be on the verge of disappearing from both geography and history. But we found our way back into life. After decades of silence, we shouted, and our voices carried the suffering together with the hope, the wounds, and the path to their healing. We, the subjects of fear and despair, became verbs of existence. And we built a house that was small enough to unite us, and big enough to embrace us all: the PLO. And battle after battle, we grabbed recognition, and we emerged as a people. We affirmed our rights and our determination not to relinquish them.

In 1974, when Arafat addressed the world in the house of all nations, we went from darkness to light, from denial of our rights, to the hope that only struggle can bring, the hope of being. We, the refugees, became freedom fighters. We were recognized then as a people, and the PLO as our representative.

When the Israelis surrounded Beirut, and after 88 days of solitude, forced us to resume our dialogue with the sea, while we were eager to finally write the alphabet of the land, we thought we would be forgotten again. The uprising came then unexpectedly from within, as the heartbeat knocking on the chest, and calling the names of both martyrs, and children yet to be born, reconciling the past with the quest of the future. Our Intifada from within the occupied Palestinian territory made us erupt once again on the international arena, and after the international community’s recognition of our existence, we imposed recognition of our plight and of the need to address it.

On we went to fight once again for our longstanding dream. International conferences, secret talks, and peace initiatives followed. And these unforgettable images of Yasser Arafat landing in Gaza, and kissing the soil as you kiss your loved ones in a family reunion, after a very long separation. We were back to part of our original land, but freedom had evaded our luggage before our arrival. We negotiated to ensure the implementation of our rights, while Israel was waiting for us to surrender. We were seeking a horizon, they were spreading smokescreen. And when we called their bluff, we were blamed for revolting against our oppressors who did not wish to become our partners. And while our message was one of peace and coexistence, of forgiveness and life, and while their message was one of occupation, exclusiveness and exclusion, denial and rejection, we were blamed for the failure of a peace process that was making our land vanish piece by piece.

The 2nd Intifada was an uprising of frustration, not of hope. We underwent once again years of siege, attacks, curfews, arrests and killings. Arafat, our President, besieged, his headquarters destroyed. A clear symbol of the shattering of this existence we spent decades rebuilding. Is it our destiny to be reminded to ashes each time we light our flame? We cannot accept it. So we tried once again, peacefully to convey our message. We acted responsibly and built our institutions, and committed to a cease fire our oppressors denied us, despite the massacres, the occupation and the siege We fulfilled all of our obligations. We underwent all the tests. The world should not however overestimate our patience, nor should it underestimate our determination. We will rise again and again, and from ashes, we will turn into flames of hope, and we will resurrect to remind our oppressors that freedom cannot be buried, and that justice cannot be silenced.

A group of Palestinians decided to send a Seat symbolizing our membership in the UN to wonder the world. Their message: Palestine deserves independence. A small seat symbolizing our presence, we the children of the tents of absence; our rights, we the children of a too long oppression; of our freedom, we who have only known occupation and exile, we who can no longer recognize our land as it has been disfigured by walls and settlements, checkpoints and barbed wires.

This Seat was welcomed in refugee camps in Lebanon by chants and zagarid, reviving the memories we buried together with our martyrs in the soil of Lebanon. The welcome the seat enjoyed in the Palestinian communities, especially in the refugee camps, is vivid testimony of our eagerness to unite our efforts, to sew back on our national fabric, a reminder of the Palestinian refugees’ need to be remembered, to be respected, and to be included. Did not know a Chair could do all of that. But it did. It shows to what extent this battle is first and foremost about our people, and its own voice which is key to deliver its message to the world.

The Seat was welcomed in the European Parliament to call on Europe, which recognized our rights three decades ago to support the State it helped us build and to demonstrate consistency, as it is the only way to enjoy credibility. The welcome the Seat enjoyed triggered strong feelings within us. We have raised our flag around the globe, and our Seat made its way to places that were not long ago unreachable. It is our sacrifices, our losses, our everlasting struggle that allowed us to gain this recognition, as an important victory towards raising one day our flag in our own capital that remains forbidden to our dreams and hopes.

We want a Seat to be able to stand up. We want existence to coexist. We want membership to build partnership. We want to live freely and in dignity on our land. We want to walk the ancient roads of Jerusalem to build a future, one that is in harmony with the city’s essence: pluralism and tolerance. We want to return to our homes to reconcile with our destiny and with those who have ripped us out of it.

This small Seat is a symbol of our right to have our place among all other nations, with equal rights after having fulfilled all our duties. Our Seat as full member in the UN would be a consecration of our longstanding struggle for international recognition, as a prelude for the fulfilment of our inalienable rights, not as a substitute to it. We are on the doorstep to freedom, and we are determined to enter. We want our long overdue State, our freedom, our capital and our return, and the UN bid is our foot in the door of history, and nobody will be able to shut this door in our faces. It is our first step towards the conclusion of a long journey, a step we make while looking at our brothers in the Arab world who decided this year that spring shall start in winter, and we intend for our struggle to blossom together with theirs.

We are carrying our own Seat, and on the way, we rediscovered our own voice. And we take God as our witness, the whole world will have to listen.